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Diapos

Bernard Aubert - Secrétaire      Sommaire de la conférence : La France et la baie d’Aigues-Mortes à l’époque de Louis IX,  évolution de la baie, Louis IX le bâtisseur .

 Présentation de la conférence

La vie de Louis IX bascule lorsqu’il tombe gravement malade en 1244, des suites d’une dysenterie contractée lors de sa campagne militaire en Poitou-Saintonge contre Henri III d’Angleterre. Le roi surmonte miraculeusement son mal. Et sitôt qu’il est en état de parler, « il requit qu’on lui donnât la croix » rapporte Jean de Joinville son biographe. Soucieux d’accomplir son devoir après avoir été miraculeusement sauvé, le roi prononce son vœu de croisade à Jérusalem.

Louis IX a déjà beaucoup visité son royaume pas seulement en tant que monarque, mais aussi  en tant que pèlerin. Les historiens signalent son passage au Mont Saint Michel, Rocamadour, Le Puy en Velay, Chartres, Arras, Cluny, Bernai ainsi qu’à  La Sainte Baume où il se considère le pénitent de la Madeleine. Ces «peregrinationes minores» étaient l’occasion d’affirmer la puissance monarchique temporelle en lien très étroit avec la spiritualité chrétienne, dans une posture de « Roi Très Chrétien ». Lors de ses déplacements, il ne manque aucune occasion  de transférer et offrir des reliques et des reliquaires de saints, auxquels il s’identifie.

La relique est objet de dévotion tout autant que source de pouvoir. Les empereurs latins et barons francs qui ont pris Constantinople en 1204 se trouvent tellement endettés qu’ils mettent en gage la plus précieuse des reliques, la couronne du Christ, auprès du patricien de Venise Quirino. Louis IX la lui rachètera en 1238 pour une somme considérable. Et quelques années plus tard  sera mis en vente tout un autre lot  comprenant le fer de la sainte lance, l’éponge, le roseau, le manteau de pourpre ainsi que d’autres objets, le tout regroupant vingt deux reliques que l’empereur de Constantinople abandonne aux émissaires de Louis IX spécialement mandatés pour cette nouvelle acquisition.

Dans le registre des « peregrinationes majores »  le roi délaissera Rome ou Saint Jacques de Compostelle, au profit de Jérusalem, le seul sanctuaire qu’il estime conforme à son statut de  roi de Rex christianissimus.

Dès janvier 1246 il lance  la fondation de la Sainte Chapelle dont le but est de constituer un écrin de vitraux pour conserver et exposer l’ensemble du précieux reliquaire du Christ qui lui confère un pouvoir inégalé. L’Europe connaît alors une évolution fondamentale de la guerre, car la théologie chrétienne met en avant la notion de « guerre juste » c’est à dire  la croisade. Louis IX sera le roi croisé par excellence. La mort en pays musulman lors de sa seconde croisade, les cinq ans qu’il passe en Terre Sainte à la fois pour s’y ressourcer et marquer l’empreinte de la société chrétienne européenne, frappent davantage les chrétiens (et les musulmans) que son échec à reprendre Jérusalem.

Louis IX fait construire également la tour Constance premier élément d’un port fortifié qui offrira une ouverture sur la Méditerranée.  La plus ancienne mention de navires accostant au large d’in aguas mortis  remonte à  1231. En 1246 sur ordre du roi, le seigneur de Lunel fera recreuser le canal de la Radelle (ancienne fossa gothica) pour établir Aigues-Mortes dans le trafic commercial lagunaire. On ne connaît pas la date exacte d’aménagement du canal Viel. Mais selon le géologue Alain L’Homer cette voie d’eau ne peut être un ancien méandre du Rhône comme certains l’ont prétendu. Elle a été creusée de main d’homme pour relier l’étang de la Marette à la mer. Les barques de cantier l’emprunteront pour rejoindre les nefs stationnant dans la rade du Repausset, où appareillèrent les flottes de Thibaut de Champagne (1239), celles des deux croisades de Saint Louis (1248 et 1239), et très probablement aussi celles de Philippe III le Hardi lors son de son expédition contre le roi d’Aragon (1285).

D’autres canaux de liaison ont été aménagés pour relier la forteresse d’Aigues-Mortes au Petit Rhône et à Saint Gilles, telle la roubine Rosanal qui a joué un rôle essentiel dans l’acheminement des matériaux de construction, des vivres et d’une partie des armées.  Le rivage nord-est de la rade du Repausset lié au débouché du canal Viel, n’a que peu évolué entre 1280 et sa représentation sur des cartes anciennes, antérieures à la dérivation du Vidourle.

La fondation de la Sainte Chapelle en janvier 1246 renforce le projet de pénitence personnelle et de glorification du royaume chrétien que sera l’épopée de la future septième croisade.