Ci-dessous les impressions de Bernard Aubert suite à sa récente visite de l’exposition.

Exposition de(s) Tours d’eau sur les Remparts d’Aigues-Mortes
( jusqu’au 2 octobre 2022)
La Fondation François Schneider de Wattviller (Haut Rhin) récompense depuis 2011 les talents contemporains s’exprimant autour du thème de l’eau, sur fond d’évasion, de réflexion et de partage. Donnant carte blanche à des plasticiens inventifs, elle dispose d’une Collection d’œuvres qui est à l’origine d’expositions, de conférences et de tables rondes sur le thème de l’eau. Le tout dans une démarche de médiation pédagogique qui favorise l’échange et l’accès à la culture pour le plus grand nombre.
Concernant la saison estivale de 2022, le Centre des monuments nationaux d’Aigues-Mortes, en partenariat avec la Fondation François Schneider, expose dans les remparts de la cité médiévale une dizaine d’œuvres qui nous rappellent que l’eau au même titre que le temps s’écoulent irréversiblement, comme le signalait déjà Héraclite au 3° siècle avant JC : « Toute chose passe et rien ne demeure, on ne saurait entrer deux fois dans le même fleuve ».
Cette réflexion du philosophe de la Grèce antique prend tout son sens lors de la promenade sur le chemin de ronde des tours des remparts. La vue s’y perd au loin sur les étendues de tables salantes, dont l’eau, en perpétuel renouvellement, se teinte de rose avant de livrer son lot de sel. En suivant le cheminement de l’eau dans les lagunes et les roubines, on peut deviner depuis la tour de Constance la sortie du Vidourle vers la passe des Abîmes.
Les profondeurs abyssales justement où se joue une vie mystérieuse, sont évoquées par 280 pièces de verre soufflé, subtilement éclairées de LED dans la porte de la Gardette. Plus loin, après l’effet arc-en-ciel des gouttes d’eau traversées par la lumière, est donné à voir le produit d’une machine climatique. Il retrace des évolutions prédictives en perpétuel mouvement sur un vaste écran qui enregistre les pulsations de notre Univers. Dans les tours des remparts Sud est évoquée l’histoire mythologique de Danaé, sauvée par une pluie d’or fertilisante, descendue du ciel, alors que la terre souffrait d’une terrible sécheresse. Enfin, plus étonnante encore est l’image mouvante d’une sphère de sel se déplaçant comme par magie sur la surface de l’immense salar d’Uyuni des hauts plateaux de Bolivie. Ce salar de dix mille km², est une source de ce précieux lithium que les indiens Aymara se refusent à brader aux grandes compagnies.

En dehors du thème de l’eau qui est interrogé et exploré dans cette exposition temporaire des Tours, le visiteur bénéficiera de la riche présentation « en immersion » d’une des plus belles places militaires médiévales de France. Cette exposition permanente du Logis du Gouverneur retrace magnifiquement l’épopée des Croisades.
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