Louis Borel est né à Saint-Gilles en 1928. Ancien élève puis Maître de Conférences d’Hydraulique Agricole de l’Ecole Nationale du Génie Rural de Paris, Il fut Chef du Service Hydraulique de la Direction Départementale de l’Agriculture des Bouches du Rhône. En charge de l’aménagement de la Camargue, il participa à la mise sur pied du Parc Naturel Régional dont il fut membre fondateur du Comité de soutien.
Il participa également aux projets touchant à l’aménagement de la Durance et du Rhône jusqu’à ce qu’il opte pour une carrière privée d’Ingénieur Conseil en Hydraulique. Dans ce cadre il a participé à des projets d’aménagements portuaires internationaux au Sénégal, aux Caraïbes, au Moyen Orient .
Louis Borel a écrit des ouvrages de recherche historique, notamment le livre « St-Gilles au Moyen-Age, une abbaye, un port » paru en 2011 . Membre de l’académie d’Arles, Louis Borel est Chevalier de la Légion d’Honneur et du Mérite Agricole.
Ci dessous le texte et les diapositives de la conférence que Louis Borel a prononcée, le 14 novembre 2016 à Aigues-Mortes, lors des 5èmes rencontres de Saint Louis organisées par l’association « Sur les pas de Saint Louis en baie d’Aigues-Mortes ».
Les relations entre Saint-Gilles et Aigues-Mortes
au temps de Saint-Louis
Parler du passé de Saint-Gilles, port médiéval méditerranéen sous le règne de Saint-Louis est quelque peu frustrant pour moi qui préfère la période faste du XIIème siècle de ce haut lieu de pèlerinage de la Chrétienté, terre d’accueil des ordres religieux de chevalerie et partenaire ou concurrent des nations les plus dynamiques en matière de commerce maritime jusqu’aux rives du Moyen-Orient.
Mais dès le début du XIIIème siècle (au temps de St Louis), le destin de Saint-Gilles va basculer pour deux raisons essentielles:
La première, bien connue, est d’ordre politique. Elle résulte de l’enchainement fatal qui, à la suite de l’assassinat en 1208 sur les bords du Rhône du légat du Pape Pierre de Castelnau, contribuera à déclencher la Croisade contre les Albigeois, à la spoliation de Raimond VII et en définitive à la mainmise de la couronne de France sur la « théocratie Saint-Gilloise » ; nous y reviendrons.
La seconde est d’ordre géographique et concerne le cours du Rhône de Peccais, bras le plus occidental du fleuve, qui de Saint-Gilles à la Baie d’Aigues-Mortes va s’ensablant inexorablement au point de décourager les négociants juifs si actifs à Saint-Gilles et qui migrent vers Marseille, donnant le signal d’une désaffection qui ira en s’aggravant.
Au moment du couronnement de Louis IX, en 1224 le pouvoir des Raimondins qui, sous Raymond IV et Raimond V, aimaient s’intituler « comtes de Toulouse et de Saint-Gilles » a beaucoup régressé et n’entrera plus en conflit avec celui du Seigneur Abbé qui, sous la double et combien puissante protection de Cluny et de la papauté, a les coudées franches pour gérer sa prestigieuse abbaye et ses nombreux domaines. Néanmoins la fréquentation du pèlerinage décline et le Saint-Gilles du XIIIe siècle n’atteindra pas le rayonnement du siècle précédent même si du point de vue de la navigation fluviale et lagunaire une intense activité demeure caractérisée par les échanges avec le Moyen-Orient et les trafics selon deux axes orthogonaux :
- Les relations commerciales Ouest-Est à travers le Golfe d’Aigues-Mortes l’Etang de Thau, les bras occidentaux du Rhône, et les canaux (ou Roubines) entre Catalogne, Languedoc et Provence
- Les échanges Sud-Nord par la voie fluviale (le Rhône) et la voie terrestre (La Regordane) entre le sud et le cœur du Royaume, avec comme point fort le tirage du sel et les liens avec les grands centres commerciaux du Nord de la France et de l’Europe orientale.
- Les courants commerciaux avec les républiques littorales italiennes, notamment avec Gênes.
Dans le temps limité qui nous est imparti pour traiter de ce sujet, notre propos visera à l’essentiel et se résumera aux points suivants :
- Les équipements hydrauliques et portuaires autour du Golfe d’Aigues-Mortes.
- L’organisation des circulations intra-lagunaires et fluviales entre Saint-Gilles la mer et la vallée du Rhône.
- Les caractéristiques essentielles des navires et de leurs chargements, les types de navigation.
- Les implications socio-économiques de ce commerce fluvio-maritime.
1 – Le Golfe d’Aigues-Mortes et ses rivages au XIIIe siècle
La carte ci-dessus montre la situation des lieux au Moyen-Age entre Montpellier à l’ouest et la Petite Camargue à l’est.
On distingue Montpellier, qui est alors possession Catalane avec son avant-port Lattes, en communication avec les Etangs reliés à la mer par des Graus sous la dépendance de l’Evêque de Maguelonne ; Mauguio, alors dénommé Melgueil comté, riche de son important atelier monétaire ou l’on frappe le sol melgorien , le Vidourle et le Vistre qui ensableront progressivement l’est de l’Etang de leurs alluvions. Enfin l’enchainement des Etangs de Repausset et de la ville qui conduisent à la cité acquise par le Roi. Etangs menacés de façon récurrente d’envasement à partir du Rhône dont le cours sera déplacé à maintes reprises, tant pour protéger les Salins que pour améliorer la desserte du Port depuis le Rhône. C’est le Rhône de Peccais qui assure la desserte fluviale vers Saint-Gilles et Beaucaire comme nous le verrons. Le Vidourle et le Vistre permettent de desservir le territoire de la Terre de Ports, équipés sur les chenaux ou au bord de l’Etang d’installations très sommaires comme à Port Cabot.
D’un point de vue politique la maitrise du territoire se partage entre le Roi d’Aragon, Comte de Montpellier et d’une partie du Comté de Melgueil à l’ouest, l’évêque de Maguelonne et les Seigneurs de Ports et ceux d’Aimargues-Uzés en rive nord de l’Etang, qui procèdent à des cessions au bénéfice de l’Ordre du Temple. Au centre se trouve le territoire de la très ancienne Abbaye de Psalmodi. Les territoires compris entre le Grau du Rhône et l’Espiguette sont à l’Ordre du Temple qui possède l’Ile de Stel et le Grau de Capra, embouchure du Rhône de Peccais, outre les grands domaines riverains du Rhône jusqu’à Saint-Gilles.
Jusqu’à leur acquisition par Philippe le Bel en 1289 les Salins de Peccais appartiendront aux Seigneurs d’Uzès et d’Aimargues.
2 – Les circulations intra-lagunaires et fluviales autour d’Aigues-Mortes
Cette carte schématique due à Marcel Gouron (Notes sur l’ancienne navigation en Petite Camargue-Nîmes 1939) nous éclaire sur les liaisons de la région d’Aigues-Mortes à l’est jusqu’ à Saint-Gilles. On notera au nord l’enchainement depuis la sortie ouest de Saint-Gilles des tracés de la Roubine royale à travers le Scamandre et les marais jusqu’au Vistre, puis le débouché, le delta commun entre Vistre et Vidourle franchi, dans l’Etang de Mauguio au moyen de la Fosse Radelle. Par ailleurs on voit le Rhône de Peccais dans son tracé initial alimenter au passage la Roubine Bosoenne et le Vieux Bourgidou, puis déboucher dans le golfe par le Grau de la Chèvre avec l’Ile de Stel délimitée par le Grau de Saint –Roman.
Cette carte schématique fait également apparaître deux voies terrestres importantes : le Camin Roumiou (des pèlerins) et la vieille draille Marseillaise.
La carte schématique due à Jacques Rossiaud (Le Rhône au Moyen-Age P.614) est très intéressante par les précisions qu’elle apporte sur les paléo chenaux navigables des tracés occidentaux du Rhône, les levées de protection par endiguement du Rhône, la position des salins de la Vernède et les interconnections hydrauliques sur Saint-Gilles dont nous allons parler.
Saint-Gilles, le Rhône et les Etangs
Nous avons vu qu’à St-Gilles au début du XIII siècle l’Abbé est le seigneur des lieux au plein sens féodal du mot. Son abbaye est largement possessionnée et elle est partie prenante aux péages fluviaux, aux leudes et autres cens, en compétition avec le comte de Toulouse-Saint-Gilles et les ordres de Chevalerie : les Hospitaliers de St Jean de Jérusalem et les Templiers, qu’elle a doté de biens fonciers comme l’ont fait d’autres propriétaires de Domaines importants tels les Porcelet. Par acquisitions ou acceptation de dons ces ordres ont littéralement colonisé les rives du Rhône de Peccais, dont ils ont la charge d’entretenir l’endiguement tel qu’il apparait sur cette carte, ce qui justifie la part qui leur revient dans les péages prélevés sur le commerce fluvial.
Focalisons maintenant notre attention sur les circulations Saint-Gilloises tels que les a étudiés Jacques Rossiaud.
On voit sur le schéma du nord au sud :
- Un faisceau de Roubines (Fossés navigables dont nous évoquerons les caractéristiques) drainant le Territoire d’Argence depuis Beaucaire et Bellegarde dont la fonction dominante est l’assainissement agricole et la circulation sur de très modestes barques véhiculant roseaux, (la sagne) récoltes et animaux domestiques, à l’amont de Saint-Gilles.
- L’emplacement des Ordres (Hospitaliers et Templiers) au sud de l’agglomération de Saint-Gilles près de la Porte du Rhône dans le quartier Saint-Jean.
- Dérivé du Rhône et recevant les eaux d’amont avec les ouvrages de contrôle du Faraon, la Roubine du Rhône, avec son péage de Pellamonégues est sous la protection du Castellum Rodani et reçoit ou voit partir les marchandises en provenance du Rhône ou l’empruntant. Une levée assure la continuité de la protection contre les eaux d’amont des terre-pleins et dépôts. Les indications toponymiques des archives abondent prouvant l’activité portuaire : (Clos des Juifs Draille du Pont de la Peyre, Chaussée de la Roubine, Pausadou de la Roubine).
- Les bateaux à faible tirant d’eau assurent la liaison par le Rhône avec Beaucaire, Avignon ou Pont-Saint-Esprit pour l’amont, les ports de la Méditerranée et l’outremer à l’aval. C’est au lieu-dit actuel des Cabanettes (pont routier sur le Rhône) par référence à la cabane du passeur médiéval que se situait le Portus (port et passage entre les deux rives, par un bac à traille).
- Comme nous l’avons déjà vu, le Viagium anticum (la Vieille Roubine) assure la liaison avec la région d’Aigues-Mortes et les Etangs littoraux jusqu’à Lattes, en connexion avec l’ouvrage qui est le paléo chenal du Rhône des Touradons .
- Deux postes de péage contrôlent le système : sur le Viagium c’est celui d’Espeyran Mirapeys ou Ra (où Raymond VI eut l’audace de construire un château affirmant sa présence proche de la résidence d’été de l’Abbé) et, sur le paléochenal des Touradons, celui de la Fosse.
On distingue plus bas le péage d’Albaron qui eut pour principal objectif de permettre au comte de Provence de prélever la gabelle du sel le moment venu.
La carte de Cassini ci dessous conserve la trace du quartier du Port
3 – Quels navires pour quels trafics ?
Le dénominateur commun à tous ces sites hydrologiques est la faible profondeur des fleuves et ouvrages creusés de main d’homme et le risque récurent d’envasement. S’y ajoutent pour le fleuve le danger permanent d’inondation conduisant à de couteux endiguements ou des choix économiques doivent être faits entre le principe du reculat (abandon de lit mineur pour atténuer l’érosion des berges) ou celui du caladat (blindage des berges par empierrement en remplacement des fragiles fascines tenues par des pieux en bois).
Les coupes que vous voyez ci dessus concernant l’endiguement de la Roubine du Port et du Rhône de Daladel datent du XV siècle mais les ouvrages n’ont certainement pas beaucoup différé de ceux du XIIIème siècle, on se contentait le plus souvent de réparer.
Dans la baie d’Aigues-Mortes les navires de haute mer se tiennent à distance pour des raisons de tirant d’eau, seules les galères subtiles génoises de 6 pieds 8 pouces (2m03) de creux (3 pieds et demi de tirant d’eau) peuvent remonter le Rhône, au risque d’ailleurs de s’engraver comme ce fut le cas lors de l’affrontement de flottilles pisanes et génoises en 1165 entre Saint-Gilles et Fourques. La liaison se fait donc par transfert au moyen de barques de diverses capacités et dimensions comme nous le verrons en examinant les convois de tirage du sel.
L’esquif le plus répandu dans le lacis de canaux et roubines entre l’Etang de Mauguio et Saint-Gilles est le caupol au point de dénommer caupolière les innombrables roubines affluentes des viages. Caupolières dimensionnées pour permettre le croisement de deux caupols, barques à fond plat à très faible tirant d’eau mues au moyen de perches ( les partaigues ) sortes de gros négo-chin que connaissent bien ceux d’entre nous qui pratiquent la chasse d’eau .
Dans son Dictionnaire du Rhône médieval, Jacques Rossiaud nous dit que le caupol se présentait selon deux catégories : celle que nous venons d’évoquer comme embarcation la plus rudimentaire et légère et une embarcation beaucoup plus importante de premier rang dans les convois de sel, munis de deux gouvernails, plus grosse que la sardina capable de transporter plus de 120 tonnes de sel. Cette capacité ira d’ailleurs en diminuant, le caupol étant dépassé par les carrates et naveys hérités de la navigation rhodanienne d’amont dans les siècles suivants.
II n’est pas inutile de présenter les caractéristiques dimensionnelles de ces caupolières et Roubines que Jacques Rossiaud a extrait des archives , croquis tirés des prix faits (devis) pour la construction de ces ouvrages . On voit que si les valats ou fossés élémentaires n’ont que 7 à 8 pans d’ouverture, les Roubines de Saint-Gilles offrent un plan d’eau de 4 à 5 cannes (8 à 10m) pour un plafond de 4m et une profondeur de 2m00 . La Roubine d’Aigues-Mortes à 12 cannes d’ouverture.
Que transportaient ces navires ?
- Outre le sel, sur lequel nous reviendrons, cette batellerie de rupture de charge et de distribution à travers fleuve et canaux transportait les marchandises les plus diverses à commencer par le blé, autre denrée stratégique médiévale à l’égal du sel. A ce sujet il y avait à Saint-Gilles un « garde des blés du Port de Saint-Gilles » personnage très important qui veillait au respect des règles commerciales concernant ce produit.
- Les accords commerciaux conclus au Moyen-Orient faisaient qu’arrivaient à Saint-Gilles toutes sortes d’épices au sens large du mot au Moyen-Age ; cannelle, indigo, poivre, poudre d’encens, cire, alun, souffre … etc…
- Le trafic de cabotage portait également sur les cuirs et peaux, ainsi les tarifs péagers nous disent que l’Abbé prélevait « 2 deniers par 12 pièces de cuir de Cordoue… »
- Saint-Gilles était aussi un grand port drapier : transitaient ainsi les draps qui venaient du nord ( Beauvais, Bruges, Château-Landon) ou du Midi (Béziers, Narbonne, Capestang, Ganges, Avignon, Figeac , Arles , Nîmes, Uzés et Beaucaire).
- Jean-Pierre Poly, étudiant le seul trafic venant du Rhône à partir du relevé des péages, donne des ordres de grandeur du volume traité au Port pour deux marchandises essentielles : métaux et épices : 128 t, draps et toiles : 800 ballots.
- Une mention particulière doit être faite en ce qui concerne les trafics induits par les ordres de Chevalerie (Hospitaliers et Templiers) dont la raison principale de l’implantation à Saint-Gilles fut précisément la proximité d’un port permettant des liaisons faciles avec la Terre Sainte au carrefour des routes commerciales au bord du Rhône. Outre l’embarquement et le retour des chevaliers qui se faisaient d’ailleurs de plus en plus fréquemment par Marseille plutôt que par Saint-Gilles–Aigues-Mortes, c’est depuis ces ports que la Maison de Saint-Gilles pourvoyait aux besoins de ses installations en Terre Sainte. Citons à titre d’exemple la livraison en 1182 de « cent draps de coton teint, à l’Hôpital de Jérusalem et en 1194 de 12 chevaux au Commandeur d’Outremer.
- Un trafic qui ne saurait être sous-estimé est celui de la descente par flottage en radeau des bois issus des forêts alpines, trafic qui alimentait notamment les chantiers navals méditerranéens.
Mais le trafic du sel, dont Saint-Gilles était l’étape quasiment incontournable, vers le Royaume ou l’empire depuis les salins languedociens de Peccais et de Camargue tels que Jacques Rossiaud les a schématisés sur la carte ci dessus mérite par son importance durant tout le Moyen-Age qu’on en fasse une description plus précise dans sa forme la plus répandue c’est-à-dire par le tirage en convois d’embarcations sur le Rhône. Notons qu’un bateau chargé de 60 muids (env. 450 t.) est taxé de 22 sous. Un transbordement paraissant d’ailleurs se faire très souvent au niveau de Saint-Gilles pour emprunter à dos de mulet ou en chariots la Voie Regordane dont nous reparlerons.
Le tirage du sel et ses convois
Comme on le voit, le sel récolté sur les tables saunantes de Peccais et de la Vernéde d’une part, des salines camarguaises d’Arles et des Saintes Maries d’autrepart, après avoir été accumulé en Camelles dans des Cabannes, lieux de stockage, était acheminé essentiellement par la voie fluviale rhodanienne vers les divers greniers à sel de St-Gilles, Beaucaire-Tarascon, Pont St Esprit ,Orange (Lampourdier), Valence, et jusqu’en Bourgogne comme le montre cette carte de répartition des approvisionnements où apparaissent les greniers concurrents du Royaume et de l’Empire selon qu’ils sont situés en rive gauche ou en rive droite du fleuve .
Ce qui retiendra plus particulièrement notre attention aujourd’hui ce sont le déroulement et les modalités de ce tirage le long du fleuve qu’on définit par le terme viage.
Longtemps la remontée du fleuve se fait essentiellement par traction humaine au moyen d’équipes de haleurs munis de enses , bretelles de chanvre, attachées à la maille, cordage de traction. Comme vous le voyez, le viage ou convoi, dans sa version la plus accomplie, est composé de plusieurs groupes d’embarcations ainsi tractées .
En tête le coursier (54 pieds de long et 8 pieds de largeur) qui guide le convoi et prend toutes les mesures nécessaires au cheminement notamment la préparation des franchissements, changement de rives et cantonnement aux escales.
Ensuite les pontons ou plilavoines qui transportaient les équipages de chevaux indispensables pour vaincre certaines difficultés à la remonte et pour le changement de rives et qui auront au XVème siècle une longueur de 60 pieds pour loger jusqu’à 36 chevaux.
Puis venait la partie utile du convoi constitué de fustes porteuses et d’Alèges dont la charge variera selon les époques, pouvant atteindre 1.100 tonnes, qui s’exprimait d’ailleurs en muids de Peccais , mais il y aura ensuite de très nombreux viages de beaucoup moindre importance (25 à 30 muids de moyenne soit environ 250 t.).
Un mot sur la force de traction de ces équipes de halage : on comptait 5 à 6 hommes munis de enses pour tirer à la remonte un chargement de 7 muid de 6 à 8 tonnes. Donc les convois du XIIIème siècle qui nous occupent nécessitaient des troupes de 600 à 1000 haleurs dont on imagine l’impact sur les villages riverains traversés : Troc et contrebande de sel, risques de contamination en périodes d’épidémie, conflits résultant des dégradations subies par les levées et les berges…. .
Mais les archives permettent de se rendre compte qu’au demeurant ces équipes de haleurs qui vivaient ensemble pour quelques saisons, environ 212 jours par an, acquéraient « les bonnes coutumes de la rivière » et que des traditions se transmettaient au point qu’on ait pu parler de « l’art du viage du sel ».
A la remonte le temps d’acheminement était considérable, ainsi fallait-il compter de 12 à 35 jours selon l’état du fleuve pour atteindre Beaucaire à partir de Peccais et de 14 à 42 jours pour Pont-Saint-Esprit , d’où le retour avec l’aide de la voile pouvait se faire en 2 à 3 jours.
Au temps de Saint-Louis qui retient plus particulièrement notre attention aujourd’hui de vives concurrences se manifestent entre Catalans et Comtes de Provence pour la perception de droits et de péages sur cette denrée d’intérêt stratégique. Un point névralgique proche de Saint-Gilles est le passage sur le Rhône de Peccais, entre Albaron pour la Provence et La Motte pour le Languedoc, qui se font face et abritent des garnisons.
Après le Traité de Meaux de 1229 le Roi de France est maître de la rive droite du Rhône de Pont-Saint-Esprit à la mer et son Sénéchal installé à Beaucaire veille sur ses intérêts, notamment à l’égard des revenus qui s’attachent à la vente et à la taxation du sel. Raimond Bérenger V, Comte de Provence avait établi des sauneries à Arles et aux Saintes-Maries de la mer où il faisait lever une gabelle permettant le développement des salines camarguaises en concurrence avec celles du Languedoc. Parallèlement il passe des accords avec Génois et Pisans pour exporter le sel d’Hyères et de Toulon. En outre il crée un péage au Château d’Albaron frappant indistinctement le sel, qu’il provienne de Camargue ou du Languedoc, au niveau de 19 deniers par muids. Le sel du royaume ayant été exempté de gabelle s’il était chargé en Camargue, Charles d’Anjou succédant à Raimond Bérenger V réplique en appliquant vigoureusement la taxation du sel à Albaron, faisant arraisonner les bateaux des contrevenants soumis parfois à de graves sévices. Il s’ensuit une diminution des revenus fiscaux à Beaucaire, les marchands désertant la voie du Rhône au profit de la Voie Regordane.
Sans développer aujourd’hui la description détaillée du tracé et du rôle joué par cette voie de terre qui faisait communiquer les pays du Bas-Rhône avec le cœur du royaume, situons rapidement son importance au XIII e siècle .
Tout au long de cet itinéraire ; Saint-Gilles, Nîmes, Alès, Villefort, Pradelles, Le Puy, la toponymie révèle la trace de trafics muletiers remontant aux grecs, de la « grande Grèce Italienne » pendant que les ornières creusées dans le socle rocheux témoignent de la continuité des charrois. Au douzième siècle les péages sur ce camin Roumeou sont des enjeux importants. Raimond IV Comte de Toulouse-Saint-Gilles, par son mariage avec Berthe d’Auvergne, conquiert le Rouergue et ; avec l’appui du Grand Prieuré de la Chaise Dieu, devient Comte du Velay et règne sur le Puy. Pradelles est une étape d’un des Chemins de Compostelle. Le Roi, les évêques et les Ordres de Chevalerie concluent des paréages (accords de partage des péages). L’évêque de Mende entreprend une expédition à la Garde-Guérin pour s’assurer du péage. L’Abbaye de Saint-Gilles dispute à l’évêque d’Uzés le péage du Collet de Villefort. Ce qui conduit Marcel Girault, éminent historien de la Regordane, à en conclure : « Que tant de Seigneurs et d’évêques……… se ruent pour la possession de ces péages, pratiquement en même temps induit que ceux-ci sont devenus, depuis peu sans doute d’un bon rapport, ce qui sous-entend que la circulation est importante et que, en particulier, les transports se sont développés. »
Comme l’indique Marcel Girault (Le Chemin de Régordane) :
« En 1254, Louis IX, au retour de la septième croisade, fortement endetté par les frais de sa guerre contre les infidèles et par le payement de sa rançon, s’applique à recueillir les droits de gite qu’il pouvait exiger en visitant les villes et les abbayes du Royaume. Et cela le conduit à emprunter le Chemin de Regordane. Débarqué à Hyères (Var) en juillet, le Roi passe à Beaucaire et séjourne à Saint-Gilles pendant le reste du mois. Au début d’aout il se met en route et s’arrête successivement à Nîme , à Alès, au Puy où il demeure du 9 au 1 , à Brioude où il est le 12 , à Issoire, à Clermont-Ferrand où il séjourne du 14 au 16 , avant de rejoindre Vincennes où il arrive le 6 septembre. »
Ici encore le XIIème siècle représente une apogée suivie du déclin du pèlerinage de Saint-Gilles au profit de celui de Rocamadour avec un glissement à l’ouest des routes d’accès au Languedoc au bénéfice de Montpellier pendant que l’ère d’attraction du Puy s’étendra plus à l’est au profit des cités du Vivarais reliées de mieux en mieux au point de redistribution de Saint-Saturnin -Pont-Saint-Esprit qui sera le siège de la supervision de toute la fiscalité royale liée au trafic du sel.
Ce sera au contraire le moment du grand développement de la voie rhodanienne, le Vivarais ayant été annexé, pour atteindre le cœur du Royaume par l’Allier, mais au profit du Port de Marseille dont la prospérité croissante tient au déplacement des Foires de Genève à Lyon.
Le laborieux trajet cévenol qui désenclavait Saint-Gilles vers le Massif Central ayant perdu beaucoup de son intérêt , le lien fluvial avec la Baie d’Aigues-Mortes et les Etangs côtiers étant devenu de plus en plus aléatoire du fait de l’ensablement du Rhône de Peccais, Saint-Gilles sera tributaire, pour ses liaisons fluvio-maritimes, d’Arles, sa grande rivale.
4 – Comment ont évolué les économies portuaires de Saint-Gilles et d’Aigues-Mortes
Patrick Clémençon a mis en évidence dans un mémoire très documenté le fait que le Port d’Aigues-Mortes existait bien avant le XIIIème siècle, mais avec une activité relativement restreinte et que c’est tout autant pour « enfoncer un coin » entre les territoires languedocien et provençal, pouvant constituer un arc méditerranéen au bénéfice des Catalans, que le Roi de France avait décidé de son acquisition en tant que territoire, que pour se doter d’un port. Ajoutons- y le souci de faire pièce par une base fortifiée aux tentatives de rébellion récurrente des Seigneurs du Midi.
Dans ce Mémoire, P. Clémençon note que la ville était déjà fondée et sa fortification engagée avant l’acte d’échange de 1248. Cet acte définit de façon précise les limites du territoire acquis, par rapport à ses trois voisins ; l’Abbaye de Psalmodi, les Seigneurs d’Uzés et ceux de Ports.
Le texte ne mentionne pas le Port d’Aigues-Mortes. L’Archevêque de Narbonne puis Louis IX lui-même reconnaissent que les pêcheries «les mers» n’étaient pas incluses dans l’échange et demeuraient propriété de Psalmodi, « le territoire initial d’Aigues-Mortes n’était constitué que de terre ferme. »
Le Roi aura dons avant tout le souci de créer une porte maritime prestigieuse et sûre, marquant « l’entrée en France depuis la Méditerranée ». Mais il devra aussi créer un environnement portuaire et urbain apte à accueillir la flotte qu’il louera ou achètera aux Génois pour les besoins de la Croisade et parallèlement faire vivre cette ville fortifiée sur un territoire qu’il sera bientôt obligé d’étendre.
C’est toute la problématique de ce projet important d’aménagement du territoire.
Louis IX s’emploiera donc à rendre la ville nouvelle attractive pour développer son peuplement en offrant un statut privilégié à ses habitants et à faire vivre son port en drainant vers lui le trafic habituellement traité par les autres ports concurrents tels que Narbonne ou Montpellier-Lattes, voire Marseille. Pour cela il s’appuiera beaucoup sur les Génois à qui il devait tant pour la fourniture des vaisseaux et la pratique du voyage outremer et des méthodes commerciale ; ces mêmes génois solidement implantés à Saint-Gilles où ils ont une loge et dont ils maitrisent le commerce maritime, faisant des commerçants locaux leurs simples « facteurs » .
Le Roi veillant cependant à ne pas nuire aux intérêts de l’Eglise – il construit l’Eglise de ND des Sablons et le Couvent des Cordeliers – donne les leviers de commande à un génois très présent depuis longtemps dans le commerce international d’Aigues-Mortes : Guillaume BOCCANEGRA .
La situation financière du Roi était alors critique, son endettement résultant pour l’essentiel de la location et de l’achat des navires nécessaires à la Croisade de 1248 dépassait 130.000 livres alors qu’il fallait encore acquérir d’autres navires pour préparer la croisade de 1270. Seuls les banquiers Placentins et Génois étaient susceptibles de consentir ces prêts, c’est pourquoi le Roi fut amené à confier la gestion et le développement économique d’Aigues –Mortes à un membre d’une puissante famille génoise très emblématique de la bourgeoisie d’affaires de cette cité et comme tel chassé en 1262 de Gênes par la Révolution de la noblesse. Dans un premier temps Boccanegra fut chargé de la perception des taxes d’importation et d’exportation par terre et par mer.
Après la mort de Saint-Louis, son fils Philippe III élargit considérablement la mission de Boccanégra après l’entrevue de Marmande, le Roi n’hésitant pas à déclarer : « Nous et le prédit Guillaume nous possédons en commun la ville, le port et toutes les dépendances. »
En échange de quoi, le Génois s’engageait à terminer l’enceinte fortifiée et les aménagements du port à concurrence de 5.000 livres tournois.
Dans leur ouvrage : Bourgeois et Marchands en Provence et en Languedoc (Aubanel 1977) Michel et Mireille Lacave donnent un aperçu de l’activité et du « Chiffre d’affaires du port » estimées à partir du produit de la taxe portuaire d’un denier par livre :
« A la fin du XIIIe siècle et au début du XIVème Génois et Catalans y sont fort nombreux. Ces derniers apportent du poisson salé, des fromages, du blé, du riz, des raisins, des figues, des dattes, de la cire, du coton, du safran , de la poix, de la soie , du papier et bien d’autres choses encore (…………). Pour avoir une idée de la richesse de ces activités, il faut savoir que le chiffre d’affaires du port calculé à partir du produit du denier pour livre s’élève à 1.300.000 Livres en 1288 et à un million et demi en 1324. Aigues –Mortes termine donc le treizième siècle en pleine prospérité. Au point que Montpellier prit ombrage de cette insolente prospérité et de l’expansion démographique qui en résultait.
Qu’en est-il de Saint-Gilles ?
Au moment où cette cité doit faire face aux dommages considérables de la Croisade contre les Albigeois et aux ravages des Seigneurs du Nord, les bourgeois tentent de s’organiser et de résister au mieux à la quasi dictature de l’Abbé. Au terme d’un conflit qui opposait l’Abbé Pons 1er aux consuls de Saint-Gilles, la sentence arbitrale de 1214, rendue après la médiation d’Arnaud, Evêque de Nîmes et de Bertrand, Doyen d‘Arles, transfère à l’Abbé les pouvoirs du Consulat qui est supprimé. Le droit de Seigneurie et toutes les justices seront exercées par l’abbé auquel tout citoyen de St Gilles prêtera serment dès l’âge de 14 ans. La justice sera rendue par un Viguier et son assistant qui inspecteront les poids et mesures, antérieurement du ressort des consuls. Point important pour ce port international : « les pélerins, les négociants venant à St-Gilles avec leurs marchandises, seront sous la sauvegarde de l’abbé et de sa cour, à l’arrivée, au séjour et au départ. Référence est faite à ce sujet à un « traité de sureté » passé avec Marseille et Avignon.
Le roi a mis en charge son frère, Alphonse de Poitiers, d’une grande partie du Comté de Toulouse confisqué aux Raimondins, qui met en place des sénéchaux. Saint-Gilles dépendra de la Sénéchaussée de Nîmes-Beaucaire dont le siège sera le plus souvent dans cette dernière cité dont le Château a vu naître Raimond VII. Donc, à ce niveau également les négociants et marchands subiront de la part du Sénéchal les contraintes jugées utiles par le Roi pour que soient sauvegardés les intérêts du Royaume et que le développement du port d’Aigues-Mortes soit assuré. Les adaptations nécessaires à l’évolution du commerce apparaissent cependant dans le texte des Coutumes à travers les différentes rédactions où l’on peut reconnaitre la marque de Guy Fulcodi, conseiller très écouté du Roy, qui le soutiendra constamment jusqu’à ce qu’il accède au siège de Saint-Pierre comme nous le verrons.
Ainsi de 1233 à 1280 les « Coutumes de Saint-Gilles » évolueront, permettant dès 1233 une normalisation des frais de notaires pour la création de sociétés, la définition de l’usure réputée telle au-delà d’un taux d’intérêt de 4 deniers par livre pour les indispensables opérations de crédit. Notons aussi dans la sentence arbitrale de1257, le texte du Chapitre XXVII très symptomatique : « Les syndics se plaignent de ce que, lorsque les marins viennent à St-Gilles tenir table pour un prochain voyage d’outre-mer, l’abbé leur extorque de l’argent au sujet du pavillon de leur navire et de la table sur laquelle ils l’arborent. Les arbitres interdisent pour l’avenir ces exactions …. »
Mais pendant que les papes successifs confirment possessions et privilèges au bénéfice de l’abbé de Saint-Gilles et de son monastère, le roi ne rétablit pas le Consulat à Saint-Gilles comme il l’a fait pour Nîmes, confirmant ainsi la tutelle stérilisante de l’abbé sur les bourgeois et les commerçants.
Par ailleurs le pèlerinage est moins fréquenté du fait des désordres liés à la Croisade contre les Albigeois et Saint-Gilles doit céder à Rocamadour le quatrième rang dans la fréquentation de sites de pèlerinage les plus fréquentés de la chrétienté.
Rappelons le principal indicateur de la prospérité de Saint-Gilles au XIIème siècle en liaison avec l’importance du pèlerinage, il s’agit du Statut des changeurs de monnaie de 1178 :
« Ils mentionnent 133 noms, répartis entre 109 offices. Il faut pour en prendre la mesure comparer ce chiffre aux 10 tables de change établies à St Quentin en 1180 aux 39 tables de change décrites à Chartres au XIIIème siècle, ou aux 20 changeurs (répartis sur 4 offices seulement) connus à Bruges à l’apogée du port flamand. » On a calculé que ces 130 changeurs pouvaient pourvoir aux besoins de 50.000 pèlerins pendant les trois jours du pèlerinage. (Gouron)
Ni le Roi ni les cités de Nîmes ou d’Arles n’associèrent Saint-Gilles aux projets d’aménagement des liaisons fluviales avec Aigues-Mortes en entretenant le Rhône de Peccais .
La Voie Régordane, dont on a vu l’importance qu’elle avait pour Saint-Gilles, est désertée par les trafics au bénéfice de la route de la vallée du Rhône.
Donc pendant qu’Aigues-Mortes prospère Saint-Gilles décline.
En guise de conclusion
Je ne peux conclure ce bref exposé relatif au XIIIème siècle à St-Gilles sans évoquer la prestigieuse image de son plus illustre fils, tant elle est liée à l’évolution socio-économique de cette communauté, Guy Fulcodi, qui devait accéder à la Papauté en 1265.
Son père Pierre Fulcodi fut, autour de 1185, juge-Chancelier (judex et cancelarius) auprès de Raymond V, et associé comme tel à la plupart des grandes actions des Raimondins. Parmi les enfants de Pierre figure Guy qui naîtra en 1195 et suivra avec le célèbre Pons de Saint-Gilles les cours de l’Ecole de l’abbaye. Participant à la Reconquista en Espagne, il y fut blessé et, devant renoncer au métier des armes, entame des études universitaires. Sa réputation de Docteur en droit amènera Saint-Louis à en faire son Conseiller, puis son Secrétaire d’Etat en 1236. Après le décès de sa femme, il embrasse la carrière ecclésiastique en 1255 ; Il se retrouvera bientôt évêque du Puy.
Rentrant de croisade, Saint-Louis passant par St-Gilles pour prier sur le tombeau du Saint, y rencontre Guy Fulcodi et le charge de participer avec son condisciple PONS à la grande enquête de 1257 motivée par les exactions subies par les Faidits, parmi lesquels, faute de temps, nous ne pouvons évoquer les torts causés à de nombreux marchands et négociants trafiquant sur le Rhône.
Après une très brillante carrière épiscopale au cours de laquelle notamment il réglera, comme Archevêque de Narbonne, des litiges entre l’abbé de Psalmodi et le sénéchal de Beaucaire, il vient à gagner l’estime d’Urbain V et à la mort de ce pontife il sera élu pour lui succéder en 1265 sous le nom de Clément IV .
N’oubliant pas ses origines St-Gilloises et surtout l’Abbaye dont l’Ecole l’avait formé, il n’oublie pas non plus les Ordres de Chevalerie, dont il confirmera dès le 27 mai 1265 Règles et Constitution .
De novembre 1265 à octobre 1268, il notifiera 97 bulles ayant toutes pour effet de consolider les privilèges et de défendre ou d’accroitre le patrimoine de l’Abbaye.
Mais lui qui n’avait pas craint de limiter les ambitions de son royal ami et ancien protecteur, lorsque celui-ci avait tenté d’étendre son emprise sur le Comté de Melgueil en conflit avec l’évêque de Maguelonne, ne fera rien pour qu’après le séjour du Roi à Saint-Gilles pour préparer la croisade de 1270 soit rétabli le Consulat à St-Gilles comme cela avait été obtenu pour Nîmes.
Les bourgeois de Saint-Gilles ne seront plus associés à un improbable rétablissement des liens de Saint-Gilles avec la Méditerranée par le Rhône et Aigues-Mortes et le lent déclin économique se poursuivra.
Aigues-Mortes, cité royale, triomphe donc pour un temps jusqu’à ce que, au milieu du XVème siècle, Jacques Cœur, grand expert en la matière, porte un jugement sévère sur la gestion du port après l’échec de ses projets d’amélioration de ce port, et jette son dévolu sur Marseille près de l’embouchure du Grand Rhône.
Mais ici commence une autre histoire ! Louis BOREL
Octobre 2016