Des jalons de mémoire sur le chemin de Louis IX d’Aigues-Mortes à la mer.
Par Jean-Pierre Dufoix, le 1/01/2016
PROPOSITIONS DE LOCALISATION ET DE SIGNALÉTIQUE AUX POINTS D’INFORMATION SUR LES TROIS COMMUNES D’AIGUES-MORTES, DU GRAU-DU-ROI ET DE LA GRANDE-MOTTE
Les jalons de mémoire : découvrir, informer et expliquer
L’objectif de notre association Sur les pas des Saint Louis en baie d’Aigues-Mortes (SLAM) est double : d’une part, développer la connaissance de la localisation et des conditions matérielles d’embarquement de l’armée du roi Louis IX, Saint Louis, d’Aigues-Mortes à la mer, grâce à une recherche à la fois historique, géographique et archéologique qui puisse faire remonter à notre mémoire quelque chose du XIIIème siècle ; d’autre part, diffuser cette information en la portant à la connaissance du public sur le terrain même. Cet objectif culturel et par là touristique consiste à ne pas limiter la connaissance d’Aigues-Mortes à celle de la ville avec ses remparts, ses monuments et ses marais salants mais à fournir une information sur le site du départ pour les croisades, sans écarter la zone voisine nécessairement concernée par les recherches autour de l’étang du Ponant, Le Grau-du-Roi et La Grande-Motte. C’est en ce sens que le chemin de Saint Louis a déjà constitué un projet en cours d’élaboration avec les trois municipalités concernées : Aigues-Mortes, le Grau-du-Roi et La Grande-Motte. Cette action se situe à deux niveaux. Le premier est, sur le plan historique, l’approfondissement des connaissances par la poursuite de l’exploitation des documents, le second est l’appui apporté à toute intervention de caractère scientifique avec la mise en œuvre de procédés contemporains d’une haute technicité dans divers domaines dont certains nous sont familiers mais dont d’autres le sont moins : archéologie, géoarchéologie, géomorphologie, paléo-environnement, pédologie, magnétométrie, reconnaissance et cartographie laser, photographie aérienne, connectique électronique, cette liste n’étant pas limitative. Ainsi que le souhaitait l’ingénieur et géologue Alain L’Homer, cette information qui, à la base est d’ordre historique, doit aussi faire référence au terrain dans toutes ses composantes et donner des indications sur son évolution au cours des temps en s’appuyant bien évidemment sur ce que l’on peut connaître de l’époque des croisades grâce aux hypothèses formulées sur divers tronçons d’un itinéraire Saint Louis. André Urbe, président de la Société d’histoire et d’archéologie d’Aigues-Mortes, a souligné l’intérêt qu’il y avait à prendre en compte à cette occasion l’évolution des salins aux abords de la ville, composante du paysage attestée par les textes dès le Moyen Âge.
L’information par les jalons de mémoire
Ce travail de recherche n’aurait pas de sens si les informations recueillies étaient destinées aux seuls spécialistes et non pas aussi à tous ceux qui s’intéressent à une page de l’histoire locale se confondant pour un temps avec celle d’un roi de France et si, au niveau du terrain, elles n’étaient pas signalées à l’attention du visiteur curieux, voire du simple passant. Un panneau explicatif avec texte, schémas ou dessins, pourrait ainsi matérialiser l’emplacement de jalons de mémoire sans omettre, comme l’avait souhaité Alain L’Homer, des références à la géographie et à la géologie des lieux. Il est proposé que, pour ne gâcher aucunement le paysage, ce panneau portant le sigle SLAM, soit extrêmement discret, d’un format A3 maximum, fixé sur un poteau cylindrique en bois, d’une hauteur maximale de 2 mètres, maintenu au sol par un plot en béton. La signalétique du Parc National des Cévennes, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, réalisée par le Conseil général du Gard, peut utilement servir de référence (voir photos en pièces jointes).
Toutefois, en dehors de ces jalons de mémoire, on pourra utilement envisager deux autres types d’information :
– un document avec texte et images distribué par la DRAC, les communes et organismes concernés, les offices de tourisme ou les syndicats d’initiative
– un document accessible sur un site internet, les visiteurs et les diverses personnes intéressées pouvant se connecter et recevoir les renseignements sur smartphone ou par tout autre moyen informatique. Les réflexions et diverses mises au point avec les élus d’Aigues-Mortes et de La Grande-Motte, la Société d’histoire et d’archéologie d’Aigues-Mortes, les responsables administratifs, les historiens et les divers spécialistes et techniciens, conduisent à ce jour à envisager 10 points d’information, constituant 10 jalons de mémoire, dans une zone s’étendant de l’église Notre-Dame-des-Sablons et de la Tour de Constance à la passe des abîmes qui marque la limite communale entre La Grande-Motte et Le Grau-du-Roi. Leur nombre devrait être augmenté en raison de nouveaux jalons à envisager sur la commune d’Aigues-Mortes, dans la zone située au nord de l’étang du Ponant et de la route D 66 sur les terrains du Grand et du Petit Chaumont mais cette proposition n’est pas à l’ordre du jour. Divers contacts sont à établir, diverses mises au point à faire avec les propriétaires des terrains concernés, en particulier les communes d’Aigues-Mortes et du Grau-du-Roi.
La liaison entre les différents jalons de mémoire
Il a été évoqué, il y a plus de dix ans, la matérialisation sur le terrain d’un itinéraire possible qui aurait été, en 1248 et en 1270, par voie lacustre à l’époque, celui de Saint Louis et de son armée pour rejoindre les nefs : Chemin de Saint Louis d’Aigues-Mortes à la mer. Cet itinéraire pourrait être établi à partir de l’étang de la Marette où l’on situe, à proximité de la tour de Constance, ce qui fut un embarcadère sur une grève à laquelle accédaient les bateaux à fond plat capables de naviguer sur canaux ou marais. Un cheminement de quelques kilomètres conduirait de ce point jusqu’à la côte, à la passe des abîmes et, en prolongeant le circuit, dans la zone du cordon littoral qui existe aujourd’hui au-delà de La Grande-Motte en direction du Grau-du-Roi (Boucanet). Les coupures ou barrières que constituent le Vidourle, les routes et les canaux contribuent à parcelliser le site. Les possesseurs des terrains sont multiples : État, départements, communes et particuliers. Sur un parcours circulaire tournant, à partir d’Aigues-Mortes, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, une dizaine de jalons de mémoire ont déjà fait ou vont faire l’objet de pourparlers avec les propriétaires concernés. Un Chemin de Saint Louis d’Aigues-Mortes à la mer n’est à ce jour envisageable qu’avec un moyen de transport : en effet certaines parties du parcours, telle la traversée en deux points de la route départementale D62, ne sont pas sécurisées pour des piétons ou des randonneurs. Dispositions pratiques pour suite à donner Même si quelques difficultés subsistent en raison des disparités foncières, rien n’empêche la réalisation et la mise en place de premiers panneaux d’information. La liste proposée ci-après n’est pas limitative : les recherches en cours ont pour but de fournir dans l’avenir des compléments d’information. C’est en ce sens que le Comité scientifique et le Comité Histoire et Batellerie de notre association qui ont la charge de rechercher et recueillir les dernières informations disponibles permettront dans un premier temps de mettre à jour les textes proposés ci-après et, dans un avenir plus lointain, de les adapter en fonction de nouvelles données.
Propositions de signalétique des jalons de mémoire
Les présentes propositions établies par le groupe de travail Jalons de mémoire constituent une base de travail avec le comité scientifique et le comité Histoire et Batellerie pour l’établissement des textes et une base de discussion pour recueillir les avis, autorisations et engagements des trois communes d’Aigues-Mortes, du Grau-du-Roi et de La Grande-Motte, des collectivités, divers organismes et propriétaires concernés avec dès maintenant pour objectif de rendre compte des contacts établis et du travail effectué, aux Cinquièmes Rencontres de Saint Louis, avec présentation d’images. Un premier jalon a été réalisé à La Grande-Motte en 2015. Une deuxième devrait suivre. En ces deux points, les informations seront à compléter pour s’inscrire ce jalon dans la thématique globale du chemin de mémoire. Avec l’accord des propriétaires des terrains concernés, une première série d’informations pourrait être envisagée avec 10 jalons de mémoire proposés ci-après. La contribution du groupe de travail SLAM, Jalons de mémoire, est d’apporter un schéma d’action permettant de faire connaître ses objectifs, de définir les méthodes à retenir avec les différents intervenants concernés : organismes administratifs, communes, collectivités, propriétaires privés. Le groupe SLAM, Jalons de mémoire, ne s’attribue aucune fonction autre que l’appui du président et du bureau de SLAM dans leurs démarches. Il ne s’attribue aucune compétence pour ce qui relève du Comité scientifique et des groupes Histoire ou Batellerie. Les textes ci-après ne constituent que des propositions estimées utiles pour établir une base de travail. Ils sont simplement indicatifs pour information des interlocuteurs. Il appartient dès maintenant aux différents groupe de travail en voie de constitution, en fonction de la compétence de leurs membres, de proposer de corriger, compléter, voire remplacer ce qui leur paraîtra utile. C’est avec une attention particulière qu’il sera tenu compte de l’avis de la Société d’histoire et d’archéologie d’Aigues-Mortes et des élus et responsables concernés, en charge de la Culture et du Tourisme.
Proposition n°1
Sous réserve de ne pas avoir marqué un point de départ à l’église Notre-Dame-des-Sablons, en fonction des contraintes d’affichage qui s’attachent à l’édifice classé monument historique, et en fonction des opportunités et autorisations, le premier panneau du circuit SLAM pourrait être placé à proximité du pied de la tour de Constance, à l’extrémité ouest de l’espace aménagé en petit jardin public au-delà du parking. Il évoquerait le premier embarcadère – débarcadère d’Aigues-Mortes, celui où ont été déchargées les pierres des carrières de Beaucaire, nécessairement au plus près de la tour à construire. Il est vraisemblable que cette grève de l’étang de la Marette a été également celle sur laquelle étaient tirés les caupols, de très faible tirant d’eau et les tartanes, ces barques à voile et à fond plat que l’on retrouve partout en Méditerranée, ainsi que divers petits bateaux de pêche. La zone est aujourd’hui urbanisée à la suite de la création du canal qui joint Aigues-Mortes au Grau-du-Roi au bord duquel bon nombre de bateaux sont amarrés, de la route départementale D 979 et de la voie ferrée, sans omettre les immeubles qui s’élèvent sur la rive occidentale du canal. En conséquence, toute évocation du vieux port se borne à sa localisation probable, la tour de Constance constituant le seul élément d’une authenticité incontestable.
Vous êtes ici, commune d’Aigues-Mortes, sur le chemin de découverte de l’itinéraire suivi en 1248 et 1270 par le roi Louis IX, Saint Louis, d’Aigues-Mortes à la mer, au jalon de mémoire n°1. Aigues-Mortes. Tour de Constance. Vieux port sur l’étang de la Marette. Louis IX part d’Aigues-Mortes pour la septième croisade en 1248 et pour la huitième en 1270. La mer n’a jamais atteint la ville : la présence de salines, la location d’étangs et l’existence confirmée d’un canal de jonction, le Canal Viel, l’attestent.« La localisation des ports sous Louis IX s’appuie essentiellement sur des textes historiques … Un port situé au débouché du Canal Vieil, un port situé dans la partie sud de la cité d’Aigues-Mortes et un troisième dit des Estaques situé plus à l’est. » (Tony Rey, 2015). De petits bateaux seulement pouvaient approcher de la grève et d’un possible embarcadère-débarcadère, celui d’un « vieux port, contigu aux murs de la ville ». Les historiens s’accordent à penser que Louis IX a quitté la cité d’Aigues-Mortes sur l’un de ces petits bateaux ou en utilisant la barque de cantiers de sa nef, chaloupe de service en remorque d’un bâtiment. Ainsi le roi aurait-il pu rejoindre son navire en mer par voie lacustre et canaux. La tour de Constance était alors le seul édifice militaire construit dans cette ville sous son règne, les remparts n’étant pas encore élevés. Un débarcadère a nécessairement existé au plus près de la tour pour l’approvisionnement en pierres, transportées depuis Beaucaire par voie d’eau. Le jalon suivante, située à Aigues-Mortes, est le Poste de la Marette, étang de la Marette, côté ouest opposé aux remparts.
Proposition n°2
Prenant naissance au pied de la tour de Constance, le circuit de découverte devrait d’abord franchir le canal sur le pont routier et suivre, en direction de la mer, la rive droite jusqu’au domaine du Poste de la Marette actuellement en cours d’aménagement dans le cadre du projet de Grand Site Camargue Gardoise. Cette propriété du Conservatoire du Littoral jouxte l’étang de la Marette (accès depuis la tour de Constance soit à pied, durée 15 minutes, soit avec un moyen de locomotion). Depuis divers points de vue en cours d’aménagement sur le site en 2015, on découvre un exceptionnel paysage dont l’arrière-plan est constitué par les remparts d’Aigues-Mortes et les salins. L’accès sur la propriété de la commune n’est possible qu’à pied. Durée prévue de ce circuit avec arrêts aux points d’observation : 45 minutes).
Vous êtes ici, commune d’Aigues-Mortes, sur le chemin de découverte de l’itinéraire suivi en 1248 et 1270 par le roi Louis IX, Saint Louis, d’Aigues-Mortes à la mer, au jalon de mémoire n°2. Aigues-Mortes. Poste de la Marette, Étang de la Marette, côté remparts. Au temps des croisades, seule la tour de Constance s’élevait sur l’horizon au-delà de l’étang de la Marette, puisque les remparts n’existaient pas encore. Sur l’autre rive : le vieux port mentionné par le sénéchal de Beaucaire et l’entrée du port intérieur qu’évoque un peu plus tard le Génois Nicolas Cominelli. Selon les historiens, le roi Louis IX est parti de là, par l’étang de la Marette, pour gagner le Canal Viel qui permettait ensuite d’atteindre la Baie du Repos devenue Repausset, aujourd’hui Ponant. La profondeur de l’étang n’autorisait que le passage de bateaux à fond plat. Plus au sud, on aperçoit les camelles de sel des salines modernes, la récolte du sel ayant existé de tout temps. Il faut s’imaginer, en bordure d’étang, quelques cabanes de pêcheurs, chasseurs ou saliniers et quelques montilles, monticules de sable que le vent et les crues des fleuves voisins contribuaient à déplacer. Un texte évoque un chenal commencé en 1269 mais rapidement ensablé, offrant un accès plus direct à la baie du Repos. Mais où est-il ? Rien ne nous l’indique.
Le jalon suivant, situé à Aigues-Mortes, est le Poste de la Marette, côté nord-ouest de l’étang de la Marette.
Proposition n° 3
Le jalon n°3, atteint exclusivement à pied, pourrait être situé, en bordure d’étang, à l’extrémité ouest de la partie du circuit aménagée dans le cadre du projet Grand Site Camargue Gardoise. Le chemin piétonnier conduit au point de départ.
Vous êtes ici, commune d’Aigues-Mortes, sur le chemin de découverte de l’itinéraire suivi en 1248 et 1270 par le roi Louis IX, Saint Louis, d’Aigues-Mortes à la mer, au jalon : Jalon de mémoire n°3. Aigues-Mortes. Poste de la Marette, côté ouest de l’étang de la Marette. Le paysage de l’étang de la Marette est fermé au nord-ouest par la pinède de la Fangassière. Le roi Louis IX a pu admirer cette magnifique forêt méridionale et maritime, si différente de celle de l’Ȋle-de-France. S’il avait rendu, comme à l’accoutumée, la justice sous un arbre, cet arbre aurait été non pas un chêne comme en forêt de Vincennes, mais un pin de la sylve d’Aigues-Mortes. Au levant, une roubine, voie naturelle aménagée ou chenal creusé de main d’homme est devenue le Canal Viel, qui n’a probablement guère changé depuis le passage des croisés. Il conduisait à des lieux aux noms marqués par les croisades : Port Louis, gué du port, Grau Louis. Le relief a été en lente mais perpétuelle évolution dans cette zone à cause de crues dévastatrices des cours d’eau apportant leurs sédiments. On peut admettre que la faune et la flore sont également restées les mêmes, mais se déplaçant également en fonction des modifications des nappes d’eau douce, d’eau saumâtre ou d’eau salée en surface ou sous-jacentes.
le jalon suivant, situé sur la commune d’Aigues-Mortes, est la zone palustre Marette Fangassière.
Proposition n°4
Cette zone, située sur le bas-côté nord de la route départementale 62, qui ne doit pas être traversée, n’est actuellement accessible que dans le sens nord-sud, ce qui exclut tout visiteur à pied venant de l’agglomération d’Aigues-Mortes. Elle pose par ailleurs un problème d’accès à partir de la D 62 ou du chemin communal parallèle à cette route et d’aménagement d’une aire de stationnement pour voitures. Étant donné la proximité de la route à quatre voies, le bruit est également à prendre en considération. Il serait d’un grand intérêt que le point d’observation sur le Canal Viel et le bois de la Fangassière puisse permettre de présenter dans les meilleures conditions le panorama très caractéristique de la Camargue gardoise aux abords d’une vaste zone amphibie, inondée la majeure partie de l’année, que les automobilistes découvrent quelques instants depuis la route. Un jalon de mémoire situé au plus près du point de naissance du Canal Viel ou de l’extrémité de ce qui a été l’étang de la Marette au nord-ouest est le seul qui réclame un aménagement spécifique. Ce site préservé vaut incontestablement la peine de bénéficier de conditions d‘approche facilitées. Toute disposition est à envisager avec le Conservatoire du Littoral, propriétaire de ce terrain et la commune d’Aigues-Mortes pour l’accès par le bois. .
Vous êtes ici, commune d’Aigues-Mortes, sur le chemin de découverte au jalon de mémoire n°4. Sur la commune d’Aigues-Mortes la zone palustre Marette Fangassière Un panorama très caractéristique de la Camargue présente toutes les composantes du paysage : zones sèches, zones humides, pinède en toile de fond avec le passage de l’étang au chenal que constitue le Canal Viel. Le cycle d’évolution du terrain comporte quatre étapes : étang, marais, pâturage, terre cultivée et en particulier vignes. En 1270, en admettant qu’il ait pu exister une berge utilisable, un chemin de halage ou une voie militaire permettant de joindre Aigues-Mortes à son avant-port sur la baie du Repos, aujourd’hui étang du Ponant, il paraît exclu que Louis IX, déjà en mauvaise santé, ayant des difficultés à se tenir à cheval, ait pu faire ce trajet autrement qu’en bateau. Dans cette hypothèse, une barque à fond plat – ou la barge de cantiers de sa nef – a très certainement emprunté cet itinéraire Marette-Canal Viel en se dirigeant vers Port Louis et la mer. On entrevoit, en fond de tableau côté nord-ouest, devant la forêt, ce qui est conservé de nos jours du Canal Viel.
Le jalon suivant, situé sur la commune d’Aigues-Mortes, est le Canal Viel.
Proposition n°5
La liaison des jalons n°3 et n°4 ne peut être définie à ce jour, la circulation sur les chemins adjacents à l’étang, côté nord permettant de longer le bois de la Fangassière, sur la berge nord du Canal Viel, puis de rejoindre la route départementale 62, nécessitant un certain nombre de mises au point préalables. Le docteur Bertrand de Bernis-Calvière, propriétaire du terrain, membre de l’association SLAM, a donné par avance un accord de principe pour l’implantation d’un panneau en bordure du chemin communal. Indépendamment du calme et de la beauté des lieux, de la faune avicole et de la flore palustre, soulignons l’intérêt de ce point en bordure du canal sur lequel ont circulé des barques et petits bateaux rejoignant depuis Aigues-Mortes au XIIIe siècle, par voie d’eau aménagée, la baie du Repos, étang du Repausset du Couchant.
Vous êtes ici, commune d’Aigues-Mortes, sur le chemin de découverte au jalon de mémoire n°5. Sur la commune d’Aigues-Mortes : le Canal Viel. Au treizième siècle, à Aigues-Mortes, le Canal Viel est la pièce maîtresse dans le réseau des voies navigables . Des témoignages recueillis peu après les croisades font mention d’une roubine en très bon état. En la remontant, naves et mercaturae, navires et marchandises, pouvaient arriver à Aigues-Mortes, à l’étang de la Marette et au vieux port dont parle le sénéchal de Beaucaire, Adam de Moncéliar. En descendant vers la mer, le Canal Viel conduisait à la baie du Repos, Repausset du Couchant, zone d’embarquement des croisés et de leur matériel au Port Louis et zone de rupture de charge des navires. S’agit-il d’une ancienne brassière du Rhône ? Le géologue Alain L’Homer y voyait un chenal créé de main d’homme. L’historien di Pietro indique que deux petites ancres de forme antique avaient été trouvées non loin des bords du canal à une profondeur de 2 mètres en dessous du niveau de la mer. L’extrémité occidentale du Canal Viel a disparu avec les aménagements du Vidourle au dix-neuvième siècle.
Le jalon suivant, situé sur la commune d’Aigues-Mortes, est le site de l’avant-port, Port Louis.
Proposition n°6
Les investigations sur la zone de Port Louis et la présentation du site sont à ce jour particulièrement complexes en raison des bouleversements réguliers dus aux crues du Rhône, du Vidourle et du Vistre et des aménagements de toute nature réalisés pendant les deux derniers siècles qui ont fait perdre à ce lieu son authenticité. Cette zone présente cependant un intérêt majeur pour comprendre les modalités du départ pour la croisade, Port Louis étant à la fois le camp des croisés et le point central d’embarquement comme la toponymie le laisserait entendre. Que reste-t-il de Port Louis, en dehors du nom sur diverses cartes du XIXe siècle de la famille Bernis-Calvière ? C’est ce que pourrait expliquer un panneau installé sur une aire de stationnement qui jouxte au sud, côté est, le pont de la route départementale 62 enjambant le Vidourle. Cet ouvrage routier s’inscrit parfaitement dans la zone de Port Louis définie par la carte. Du Canal Viel au jalon de Port-Louis, le recours à un moyen de locomotion est indispensable, et dans le sens Grande-Motte Aigues-Mortes exclusivement, seul accès possible au parking déjà aménagé. Peut-être, un jour, dans la vaste zone au nord de la départementale 62, retrouvera-t-on les vestiges de tombes, d’un bâtiment et d’ouvrages portuaires qui ne nous sont connus que par des textes et quelques pierres entreposées à Aigues-Mortes et au Musée archéologique de Nîmes. Là-dessus, les progrès de la science dans la connaissance du sol nous donnent beaucoup d’espoirs. Peut-être aussi, avec l’accord des propriétaires, un, voire plusieurs jalons de mémoire trouveraient-ils leur place au nord de la route départementale 62 sur les propriétés privées du Grand et du Petit Chaumont, commune d’Aigues-Mortes, zone majeure pour l’embarquement des hommes, des chevaux et du matériel. Affaire à suivre !
Vous êtes ici, commune d’Aigues-Mortes, sur le chemin de découverte mer, au jalon de mémoire n°6. Port Louis . Plusieurs historiens ont indiqué que Port Louis avait été le port d’embarquement du corps expéditionnaire de Louis IX ou le point central de chargement des navires à partir de grèves qui ne facilitaient pas l’approche des nefs. Dans l’ignorance actuelle de la connaissance de la profondeur de la baie, il n’est pas possible de dire quel type des bateaux pouvaient atteindre Port Louis sans risque d’échouement, quelles ont été les modalités de l’embarquement et par quel itinéraire les croisés ont pu gagner des navires ancrés soit dans la baie, soit en mer, plus loin, devant l’actuelle Grande-Motte. La nef royale, Montjoie ou Paradis, avait besoin de naviguer avec plusieurs mètres d’eau sous la quille. Auraient été embarqués 2500 à 2800 chevaliers accompagnés de 5 à 6000 écuyers, 5000 arbalétriers et 10 000 fantassins, soit environ 25 000 hommes et 7 à 8000 chevaux. Depuis Port Louis, 40 bateaux de fort tonnage et bien d’autres auraient été armés grâce à une flottille assurant les navettes.
Le jalon suivant, situé sur la commune de La Grande-Motte, est l’étang du Repausset du Couchant, aujourd’hui Ponant
Proposition n°7
Les investigations à mener dans la zone du camp des croisés, au nord de la D 62, sont complexes. Le circuit des jalons de mémoire peut être prolongé vers l’ouest et l’actuelle Grande-Motte en suivant la rive nord de l’actuel étang du Ponant qui a été creusé dans les années 1960. Cet étang artificiel occupe sensiblement l’emplacement du plan d’eau qui avait été le Repausset du Ponant, c’est-à-dire du Couchant, et d’une hypothétique baie portant le nom de baie du Repos. Sur la commune de La Grande-Motte nous trouvons le premier jalon de mémoire du Chemin de Saint Louis d’Aigues-Mortes à la mer qui ait été réalisé : le 24 octobre 2014, pour célébrer le quarantième anniversaire de sa fondation, la ville a érigé une stèle commémorant la venue du général de Gaulle sur le chantier en 1967 et rappelant au verso le départ des croisés. En leur mémoire l’ingénieur Charles Lenthéric proposait la création d’un monument commémoratif. Si ce projet pourrait présenter un grand intérêt en contribuant à ouvrir la voie d’une réconciliation entre les peuples de la Méditerranée, il ne fait pas de doute que sa réalisation reste problématique dans un contexte politique et international délicat. Au moins, sur l’espace aménagé aujourd’hui face à la stèle, pourrait-on placer un panneau avec un texte complétant l’information.
Vous êtes ici, commune de La Grande-Motte, sur le chemin de découverte de l’itinéraire suivi en 1248 et 1270 par le roi Louis IX, Saint Louis, d’Aigues-Mortes à la mer, au jalon : jalon de mémoire n°7. Repausset du Couchant La stèle qui a été mise en place en 2014 associe au souvenir de la visite du Général de Gaulle en 1967 le souvenir des croisés gagnant la mer dans ces parages en 1248 et en 1270. L’emplacement qui a été retenu est voisin de celui d’un ponton établi sur le Ponant lors de la visite officielle, à l’angle nord-ouest, à proximité du point de jonction des trois communes riveraines, Aigues-Mortes, Le Grau-du-Roi et La Grande-Motte : par là même revit la mémoire de Louis IX, parti de la tour de Constance pour se diriger vers son bateau et quittant la baie du Repos, étang du Repausset du Couchant devenu l’étang du Ponant, côté sud, par un grau aujourd’hui « passe des abîmes » ou par tout autre passage libre plus à l’est dans la zone du Boucanet. Si un rapprochement est à faire entre baie du Repos, étang du Repausset et étang du Ponant, il faut rappeler que le Vidourle, détourné de l’étang de Mauguio, avait comblé cette zone et que l’étang du Ponant, de création récente, est purement artificiel.
Le jalon suivant, situé sur la commune de La Grande-Motte, est sur la rive de l’étang du Repausset du Couchant, aujourd’hui Ponant, à la passe des abîmes.
Proposition n°8
De même que le souvenir de Louis IX est évoqué sur la stèle du jalon de mémoire n°7, de même celui de la reine de France, Marguerite de Provence, fille du duc d’Anjou, qui a accompagné son royal époux à la croisade, a été évoqué le 28 octobre 2015 à La Grande-Motte. Il a été retenu par la commune que l’allée longeant l’étang porte son nom. Sur ce site ou à proximité immédiate pourrait être fait mention des origines géologiques de la passe des abîmes qui marque la limite communale de La Grande Motte sur l’autre rive de la passe et du pont routier de la D 255, côté Grau-du-Roi.
Vous êtes ici, commune de La Grande-Motte, sur le chemin de découverte de l’itinéraire suivi en 1248 et 1270 par le roi Louis IX, Saint Louis, d’Aigues-Mortes à la mer, au jalon : jalon de mémoire n°8. Passe des abîmes D’une façon générale, géologues et historiens situent, en limite orientale de La Grande-Motte, sur la côte, le Grau Louis à la passe des abîmes, point remarquable de l’itinéraire Saint Louis. Bien que cette passe ait pu se déplacer sur le littoral au fil des ans en fonction des crues du Rhône, du Vidourle et du Vistre, le géologue Alain L’Homer n’exclut pas l’existence d’un passage depuis des temps immémoriaux à cet emplacement ou en un point très voisin du cordon littoral étant donné sa situation en rapport avec la faille oligocène du plaisancien dite de Nîmes, peut-être à l’origine de venues d’eau des profondeurs. Des recherches ultérieures permettront sans doute de dire si le cordon littoral se développait au treizième siècle depuis le territoire actuel de La Grande-Motte en direction du Grau-du-Roi et si le Repausset du Ponant était un étang fermé ou une baie ouverte sur la mer dans le fond du golfe. L’incertitude demeure quant à la hauteur d’eau et l’approche des navires. Auraient-ils eu la liberté de manœuvrer dans la passe ou la baie ? La nef royale s’y serait-elle aventurée ? Le présente jalon évoque également la mémoire de la reine Marguerite de Provence qui donna onze enfants à son époux Louis IX et l’accompagna en Orient. Le jalon suivant , situé sur la commune du Grau-du-Roi, est sur le cordon littoral du Boucanet.
Proposition n°9
Poursuivant, toujours dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, le circuit depuis la passe des abîmes en longeant la rive sud de l’étang du Ponant sur le territoire du Grau-du-Roi, et plus précisément à la lisière nord du bois du Boucanet, on atteint un point qui fait face au jalon établi sur la rive nord en souvenir de la visite du Général de Gaulle à La Grande- Motte. Il est nécessaire d’indiquer que le rivage du treizième siècle était certainement très différent du rivage actuel et que le problème du passage des navires au Moyen Âge doit être envisagé sous des angles divers en fonction de ce que nous savons ou ne savons pas encore de l’évolution du cordon littoral du Boucanet.
Vous êtes ici, commune du Grau-du-Roi, sur le chemin de découverte au jalon de mémoire n°9. Cordon littoral du Boucanet Pour le géologue Alain L’Homer « le lieu de mouillage de la flotte des croisés n’a pu être qu’au large du Canal Viel, là où la partie septentrionale de la lagune, encore largement ouverte sur la mer mais abritée par le cordon littoral du Boucanet formait une rade sûre. […] C’est depuis cette rade du Repausset (que rappelle de nos jours l’étang du Ponant) qu’appareilla la flotte de Thibault de Champagne en 1239 ». Patrick Florençon souligne que l’étude du contenu du bassin portuaire, volume d’eau et volume de sédiments, permettra de connaître un jour la hauteur d’eau et, par-là, le tirant d’eau admissible pour les bateaux. Cela paraît possible. En effet : « Les études sédimentologiques et paléoécologiques peuvent apporter des éléments de réponse à diverses questions concernant les milieux portuaires en fonction des crues et des tempêtes et les protections éventuelles avec possibles jetées en bois et en pierre. » (Tony Rey) Il faut évoquer les crues des fleuves côtiers Rhône, Vidourle et Vistre, et leurs puissants effets de chasse de la zone palustre vers la mer, créant ces déchirures naturelles qui portent le nom de graus. Toutefois, nous ne savons pas aujourd’hui si cette baie du Repos était un vaste étang ou, tout simplement, la mer. Les spécialistes sont d’accord sur son occultation progressive d’ouest en est par la flèche de sable du Boucanet en voie de formation au XIIIe siècle et qui constituera le cordon littoral n°4 sur le territoire de l’actuelle commune du Grau-du-Roi.
le jalon suivant, située sur la commune du Grau-du-Roi à l’extrémité nord de l’étang, est à l’emplacement de l’île Montago.
Proposition n°10
Le jalon de mémoire sur le site de l’île Montago est envisagée en face du jalon numéro 6, Port Louis. Les deux sites se trouvent l’un, sur la rive nord du Ponant, commune d’Aigues-Mortes, l’autre, sur la rive sud, commune du Grau-du-Roi. Si l’on se réfère à l’indication que donnent divers plans et schémas, cette partie nord-est du Boucanet correspond également à la zone de Port Louis.
Vous êtes ici, commune du Grau-du-Roi, sur le chemin de découverte de l’itinéraire suivi en 1248 et 1270 par le roi Louis IX, Saint Louis, d’Aigues-Mortes à la mer, au jalon de mémoire n°10. à l’emplacement de l’île Montago Il est possible de faire mention, ici également, de Port Louis, avant-port d’Aigues-Mortes au débouché du Canal Viel, à peu de distance du côté nord de l’étang du Ponant, le site étant, de nos jours, coupé en deux par la route départementale n°62. Les spécialistes, historiens ou géologues, restent divisés sur la nature de la baie du Repos, mer ou étang, qui aurait permis aux bateaux, comme l’indique son nom, de trouver là un abri. Cette baie serait devenue l’étang du Repausset puis du Ponant. Toutefois, les crues du Rhône, du Vidourle et du Vistre ont été susceptibles d’apporter très brusquement un volume considérable d’eau et de sédiments. C’est ainsi que s’est constituée l’île Montago, avec les terres abandonnées sur place lors de la crue du Vidourle de 1833, cette île s’étant rattachée par la suite à la flèche de sable du Boucanet. En conséquence, le jalon se trouve sur cet emplacement. De la rade, le roi Louis IX et les croisés ont-ils accédé à la mer libre à partir de Port Louis, les bateaux empruntant à l’ouest la passe des abîmes, aujourd’hui sur le territoire de La Grande-Motte, ou, à l’est, une rade ouverte directement sur la mer, située en un lieu qui deviendrait un jour le Boucanet sur la commune du Grau du Roi ? Le problème reste entier. « Les terrains nés des colmatages d’étangs et de graus permettaient une extension des surfaces de pâturage » (Tony Rey)
Information importante
En préalable à l’examen par le Conseil d’administration SLAM, le groupe de travail Jalons de mémoire centralisera toute suggestion, proposition de complément, rectification, correction, voire refonte ou remplacement d’un texte en vue de l’information à communiquer au point concerné de l’itinéraire Saint Louis. De nouveaux jalons sont à prévoir dès maintenant sur le site. Tout membre SLAM est encouragé à donner son avis. Des déplacements sur terrain sont envisagés dans les mois à venir. Les membres en seront informés.
Établi par le groupe de travail Jalons de mémoire. Pilote Jean-Pierre Dufoix n. réf. 0016 jalons mémoire slam Aigues-Mortes le 01. 01. 2016
Documents en annexe 1 – Proposition de panneau SLAM Jalon de mémoire, à réaliser en format A3, qui pourrait être placé au point de départ de la randonnée à Aigues-Mortes et constituerait l’élément d’appel, conforté par le panneau de même nature, correspondant au premier jalon de mémoire. Ces panneaux pourraient être identiques à ceux déjà utilisés par le Conseil général du Gard pour la signalétique du Parc des Cévennes Grand Site ( photos ci-après) –, avec indication SLAM et des partenaires de l’opération.
2 – Schéma de proposition de localisation des dix premières implantations de panneaux SLAM envisagées sur le site. Promenades et randonnées dans le Gard Jalons de mémoire Chemin de Saint Louis d’Aigues-Mortes à la mer 8 kilomètres en voiture – 6 kilomètres à pied
Vous êtes sur un chemin de découverte de la Communauté de communes Terre de Camargue au jalon de mémoire : Aigues-Mortes. Tour de Constance Vieux port sur l’étang de la Marette Le jalon suivant est à Aigues-Mortes Poste de la Marette, Communauté de communes Terre de Camargue Opération Grand Site Conservatoire du Littoral Syndicat intercommunal de la Camargue gardoise Conservatoire de la Camargue gardoise Commune d’Aigues-Mortes Commune du Grau-du-Roi Jalons de mémoire Le chemin de Saint Louis d’Aigues-Mortes à la mer
jalon de mémoire n°1. Aigues-Mortes. Tour de Constance. Vieux port sur l’étang de la Marette.
jalon de mémoire n°2, Aigues-Mortes. Poste de la Marette. Étang de la Marette, côté remparts.
jalon de mémoire n°3, Aigues-Mortes. Poste de la Marette , côté nord-ouest de l’étang de la Marette
jalon de mémoire n°4. Aigues-Mortes, la zone palustre Marette Fangassière
jalon de mémoire n°5. Aigues-Mortes : le Canal Viel.
jalon de mémoire n°6. Port Louis
jalon de mémoire n°7. Repausset-du-Couchant
jalon de mémoire n°8. Passe des abimes
jalon de mémoire n°9. Cordon littoral du Boucanet
jalon de mémoire n°10. À l’emplacement de l’Ȋle Montago